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Un remake de L'Aveu.

 

aveu-hollande
Avec l'aimable autorisation de l'auteur

Ce n'était nullement par hasard que, dès l'élection de François Hollande, j'avais intitulé cette rubrique "2012-2017 ou Les grandes illusions" puisqu'il était parfaitement prévisible que ces "illusions" seraient fatalement perdues, que les électeurs "socialistes" découvriraient assez rapidement avoir voté pour un "social-démocrate", que les rêves et éternelles vieilles lunes se briseraient sur les récifs de la triste réalité des faits, sur d'incontournables règles économiques et sur des échéances Européennes de réformes et de réduction de nos déficits que nous repoussons, sans cesse, aux calendes grecques...

Entre le 6 mai 2012, date de son élection, et ses vœux du 31 décembre 2013, vingt petits mois seulement auront été suffisants pour qu'apparaisse, dans le discours présidentiel, la notion, fort déviationniste au regard de l'idéologie, du "socialisme de l'offre".

Une remise en cause nécessaire et suffisante pour entamer le divorce entre le Président et une partie des élus socialistes tout autant, d'ailleurs, qu'avec son électorat. S'il a été reproché à Sarkozy d'être "clivant", force est de reconnaître de notre bon François sera parvenu, lui, à cliver ses propres forces et ses propres soutiens.

Nous assistons, maintenant, à une forme de remake de l'Aveu, ce célèbre film de Costa Gavras, un film dans lequel Yves Montand joue, d'une manière inoubliable, le rôle du vice-ministre d'une Démocratie Populaire de l'Est soupçonné de collusion avec la C.I.A.

Un jour, enlevé par des inconnus, il est dépouillé de tout, numéroté, menotté, sans comprendre ce qui lui arrive. Soumis à des interrogatoires où il lui est demandé d'avouer sa trahison vis-à-vis du parti, il réalise qu'il est victime d'une machination politique mais, brisé par l'épuisement et le désespoir, et convaincu par son bourreau qu'il commet une bonne action, il finira par avouer les crimes imaginaires dont on l'accuse.

Aujourd'hui, et dans la version que nous avons sous les yeux, il s'agit d'une toute autre forme d'aveu puisqu'il est inutile, cette fois, de recourir à des interrogatoires musclés ou de soumettre notre héros à de mauvais traitements puisque le simple fait de le voir, subrepticement, prôner et nous vanter l'efficacité d'une orientation économique que son Parti et lui-même ont toujours pourfendu, refusé, critiqué et combattu, constitue, tout de même, un magnifique et indiscutable "Aveu en creux" !

Être élu Pape d'une religion à laquelle on cesse de croire, au point même d'aller jusqu'à en prendre pratiquement le contrepied, peut, tout de même, indisposer tant certains gardiens du Temple Socialiste que les ouailles elles-mêmes, des ouailles qui, aujourd'hui, sont dans la rue et qui manifestent contre une "Gauche" qu'elles ont pourtant portée au pouvoir mais qui, face aux réalités économiques, se rend coupable d'une intolérable dérive "libérale"...

Sans compter qu'après avoir été les chantres de la prévention et du dialogue, voire de l'angélisme, voir aujourd'hui nos socialistes, non sans raisons d'ailleurs, être les artisans de l'état d'urgence et du tout sécuritaire, qu'après avoir nié, du temps de Sarkozy, la présence de djihadistes en France pour recevoir, en pleine figure, le fait que leur nombre supposé s'avère tel que nos forces de l'ordre ne sont pas en nombre suffisant et qu'en l'espace de quelques mois, rien moins que 13 attentats auraient été déjoués, qu'après avoir traîné dans la boue ceux qui, avant 2012, en appelaient à la toute symbolique "déchéance de nationalité" pour, ensuite, tenter de reprendre cette mesure à leur compte, qu'après avoir combattu la "TVA Sociale" de Sarkozy, reconnaître que c'était une bonne idée, qu'après s'être faits les champions du "progrès social" grâce aux 35 heures, s’apercevoir que l'idée n'était peut-être pas aussi bénéfique que ça pour l'économie, notre compétitivité et, donc, pour contribuer à réduire le chômage, qu'après avoir affirmé qu'avec le "choc de simplification", on verrait ce qu'on verrait, qu'après avoir affirmé que le "Pacte de Responsabilité", le "CICE" et tant d'autres mesures ne concourant qu'à colmater des brèches mais pas à remédier à nos immobilismes, proposer, aujourd'hui, une "Loi Travail" qui met aussitôt dans la rue ceux qui lui préfèrent manifestement une "Loi Chômage"...

Ne laissons pas de côté que, comme à notre habitude et par idéologie, donc aveuglement, nous avons joué le mauvais cheval dans le conflit Syrien, et qu'après avoir craché sur Poutine et Bachar El Assad, nous leur devons, en grande partie, la reprise de ce qui subsiste de la cité de Palmyre et le recul des forces d'un État Islamique qui, hélas, renaîtra de ses [éventuelles] cendres, que le problème des "migrants" est fort loin d'être réglé et qu'après avoir affirmé, il n'y a que quelques mois, l'accueil de "24.000" migrants, ce serait, en fait, le nombre de "30.000" qu'il fallait entendre, un nombre qui, hélas, ne manquera pas de peser sur le scrutin de 2017...

Bref, un tel florilège de ratages, de loupés, d'effets de manche et de com' que, pour masquer l'échec, le recours à la sempiternelle excuse de l'héritage n'est même plus utilisée.

Ne négligeons pas le fait que, s'il est établi que le pouvoir s'use, jamais je n'ai assisté à une telle usure et un tel désamour au bout de seulement quatre ans de mandat au point que, selon les derniers sondages ( 9/10 avril 2016 ), près de 80% des sondés ne veulent plus de François Hollande et que même le Think Tank socialiste, Terra Nova, dans une note rendue publique en avril 2016, plaide "pour que le Président sortant se soumette, lui-même, à une primaire avec le reste de la gauche afin de présenter un candidat unique au premier tour de la présidentielle de 2017". Bigre, on n'est toujours trahi que par les siens !

Pour ma part, je prends infiniment plus cette éventuelle primaire pour un "symptôme" que pour une solution. Le Parti Socialiste, tel que nous l'avons connu, est moribond et, paradoxalement, c'est bien moins à Hollande qu'il le doit qu'à son attachement à un dogmatisme archaïque, dépassé et qui demeure marqué par une "lutte des classes" qui, aujourd'hui, n'a plus aucun sens.

Cuba se débarrassera des oripeaux du Communisme plus vite que notre beau pays sauf si, à l'image de l'Eglise et "Vatican 2", le Parti Socialiste Français a le courage de se lancer dans un "Solferino 2" en créant un "Parti Social-Démocrate" dont il lui resterait à trouver le nom.

Bien que non socialiste, au risque de vous surprendre, c'est tout le mal que je lui souhaite, ne serait-ce que pour nous éviter le risque d'une très vilaine surprise, au soir de l'élection présidentielle de 2017.

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