Elections, piège à ... !
Avec l'aimable autorisation de l'auteur |
Comme je ne souhaite pas employer le moindre gros mot, je ne complèterai pas le célèbre slogan de 68 mais, s'il est vrai que notre pauvre Chirac peut avoir quelques raisons médicales d'oublier le nom du Président de la République en activité, je suis stupéfait de constater le nombre d'électeurs qui ne se ne souviennent, même pas, d'avoir voté pour François Hollande.
Brusque accès d'amnésie collective, vague sensation d'avoir fait une erreur, tentation de ne pas reconnaître avoir été les dindons d'une gigantesque farce organisée par les médias... allez savoir, mais ce qui est certain c'est que cette élection présidentielle n'a rien été d'autre qu'un marché de dupes qui risque fort de tourner vinaigre.
Ceci étant, je ne peux cacher que je prends un malin plaisir à voir ceux qui, pendant cinq ans, ont critiqué avec véhémence tout ce que faisait, disait ou initiait l'ancienne équipe, au point de parvenir à faire croire que la compétence était de leur côté, se trouver, maintenant, au pied du mur et devoir manger leur chapeau en transformant en programme d'action ce qu'ils avaient tant combattu.
Certes, "mieux vaut tard que jamais" dirait la sagesse populaire, mais mettre autant d'années à tenter de corriger, contraints et forcés il est vrai, les erreurs qui mettent à mal notre économie pourrait relever d'une forme de charlatanisme politique qui, médicalement parlant, confine à la "perte d'une chance de guérison".
Soyons néanmoins généreux et tolérants en évitant d'employer, trop vite, le terme "incompétence" ! Amateurisme ou manque d'expérience, à n'en pas douter, mais, en à peine six mois, la situation leur impose de savoir prononcer nombre de mots nouveaux comme "compétitivité", "coût du travail", "réduction des déficits", "réformes structurelles", "camps de Roms", "lutte contre l'insécurité" et tant d'autres que, jusqu'à présent, ils refusaient même d'entendre prononcer par d'autres.
Que voulez-vous, l'oreille n'est pas encore formée et devoir s'exprimer couramment dans une langue nouvelle, en si peu de temps et en ne conservant qu'un lointain tout petit accent "socialiste", demande, tout de même, un peu de pratique et quelques séances d'orthophonie. Une fois les bases acquises et la pratique rôdée, nous nous trouverons dans une situation inverse de celle que dénonçait le vieux Guy Mollet en exprimant le fait que Mitterrand "n'avait jamais été socialiste, mais qu'il avait seulement appris à parler socialiste", en ayant, cette fois, hérité de "socialistes authentiques contraints de parler libéralisme" dans le texte.
Peut-être est-ce l'occasion de prendre, enfin, conscience du fait que, même en sortant de l'ENA, se retrouver au volant d'un pays pourrait tout de même nécessiter un minimum de conduite accompagnée... accompagnée par des décideurs, des investisseurs, des chefs d'entreprises bref, en fait, par ceux qui savent réellement produire des richesses et des emplois afin de bénéficier, contrairement au dicton populaire, de "conseilleurs qui seraient également des payeurs".