Vendredi, Décembre 27, 2024
   
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Incident à l'émission "Vis ma vie".

 

Un incident exceptionnel a opposé les deux protagonistes d'un des épisodes de l'émission télévisée "Vis ma vie" dont le concept, rappelons le, est de mettre en situation deux participants qui échangent, le temps du tournage, leur vie et leur métier.

Dans l'épisode qui a créé la polémique et qui, de ce fait, a été déprogrammé, un conducteur de TGV et un médecin généraliste découvraient chacun, pour un temps, la vie et l'activité professionnelle de l'autre. Ce n'est qu'au terme du tournage, et lorsque le médecin a obstinément refusé de reprendre son activité libérale, que l'incident a éclaté, au grand dam de l'équipe technique.

Interrogé, le médecin a expliqué qu'il venait de vivre une vie qu'il ne supposait même pas.

"Plus de sept ans ! J'ai fait plus de sept ans d'études après le bac, des études longues et difficiles, et le constat que je suis bien obligé de faire, je le reçois en pleine figure et il est fort simple, je gagne moins ma vie à exercer la médecine que, cheminot, à conduire un train.

Le temps de ce tournage, comme Alice au pays des merveilles... j'ai traversé le miroir... j'ai basculé dans un autre monde.

 

Je viens de toucher du doigt que l'on pouvait parfaitement faire trente-cinq heures en une semaine alors qu'entre les consultations, la paperasse, les courriers à la Sécu, les Évaluations des Pratiques Professionnelles, la Formation Médicale Continue et j'en passe, c'est ce que je fais en deux jours dans mon cabinet.

Mieux encore, si, en tant que médecin, je fais grève, je peux m'attendre à recevoir du Préfet un ordre de réquisition alors que, simple cheminot et dans la même situation, il n'en serait pas une seule seconde question et j'aurais, par dessus le marché, le soutien de la population et des usagers.

Certains mots n'ont pas le même sens, ainsi pendant des années, lorsque je parlais du LCR, il s'agissait du liquide cépahalo-rachidien, maintenant je sais qu'il s'agit de la Ligue Communiste Révolutionnaire, RTT aurait tout aussi bien pu signifier réduction du temps de transit, alors qu'il n'est question que de celle du travail !

Actuellement, pour augmenter mes revenus, car c'est aussi mon droit, je n'ai que deux possibilités. La première consiste à effectuer encore plus de consultations, la seconde, à augmenter mes honoraires, à faire des dépassements. Dans le premier cas, je risque d'être sanctionné pour dépassement des quotas, car on nous a inventé des quotas, dans le second, je m'expose aux foudres de l'Assurance Maladie et, de plus, les associations estimeront et diront très haut que c'est un scandale. Cheminot, il ne s'agira que d'une juste revendication salariale qui deviendra un acquis social.

Si, médecin, je fais une erreur, aussi minime soit-elle, c'est la plainte du patient garantie et les foudres du Conseil de l'Ordre, cheminot, mes collègues seront solidaires et prendront ma défense.

 


"Je ne serai peut-être plus un privilégié, ni un nanti, mais, putain, qu'est-ce que je vais bien vivre !"Travailleur indépendant, je n'insisterai pas sur l'accueil que me réserve mon banquier si je lui demande un crédit alors qu'avec une stabilité de l'emploi absolue, c'est une toute autre affaire. Il n'y a pas très longtemps, un de mes amis avocat, grand avocat, s'est vu refuser un crédit trois fois sans frais ! Heureusement que sa femme, fonctionnaire elle, était avec lui dans le magasin sinon il repartait sans son achat.

Je n'insisterai pas plus sur le montant de la retraite qui m'attend, enfin peut-être, ni à quel âge, ni sur ce qui se passe pour moi en cas d'accident ou de maladie grave...

Ne parlons pas des vacances, hein ! Cinq semaines de congés payés, au bas mot d'un côté, alors que lorsque je prends, moi, des vacances, car, tout de même, cela m'arrive, à votre avis, qui les finance ces jours d'absence ? Personne, c'est moi, avec des patients que je sais dire, dans mon dos, que je suis parti avec leur argent !

J'exerce la médecine depuis près de vingt ans, vingt ans pendant lesquels j'ai tellement entendu dire que j'étais un privilégié que j'avais fini par le croire et bien, cette fois, il est temps pour moi de voir de quel côté la tartine est beurrée. Stop, halte, basta, je reste conducteur de TGV et, en prime, j'offre ma patientèle à qui la veut, et même, s'il la souhaite, à mon partenaire dans cette émission.

Au fait, j'y pense, maintenant que je suis cheminot, si vous envisagez la même émission avec un contrôleur aérien, je suis preneur, il paraît que c'est encore mieux !"


* bien évidemment, si tout est parfaitement concevable, il ne s'agit que d'une pure imagination !

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