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Européennes 2014.

 

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Avec l'aimable autorisation de l'auteur

Si les Technocrates de Bruxelles ont, en ce qui les concerne, toutes les raisons du monde d'être pleinement satisfaits du monstre qu'ils ont façonné et dont ils vivent, plutôt bien d'ailleurs, du côté du Citoyen-électeur Français mais aussi Grec, Portugais, Espagnol ou Chypriote, en attendant quelques autres, je ne suis pas intimement convaincu qu'il y trouve autant de motifs de se frotter les mains.

Force est de reconnaître que cette pauvre Europe nous a été vendue à la manière de ces nombreuses encyclopédies à parution hebdomadaire dont seul le prix d'appel du premier numéro est connu tout en glissant, pudiquement, sur celui et le nombre de ceux qui vont suivre.

Il est difficile de ne pas y trouver un petit côté "vente forcée" puisque, pour les douze commandés initialement, il nous en a été livré, pour ne pas dire imposé, rien moins que seize supplémentaires sans oublier que trois petits nouveaux sont, d'ores et déjà, dans les tuyaux dont cet éternel motif d'urticaire que constitue la Turquie.

Assortie d'un "prélèvement automatique irrévocable", cette sensation de vente forcée participe, sans l'ombre d'un doute, à alimenter, plus encore qu'un simple Euro-scepticisme, ce qui devient, de plus en plus, le rejet populaire d'une construction pourtant unique dans les annales de l'histoire contemporaine.

Mais, à vouloir [peut-être] trop bien faire et surtout trop vite, à privilégier le nombre des États membres sur leurs facultés d'harmonisation sans heurts ni remises en causes trop brutales de spécificités culturelles, économiques, fiscales et sociales, ce qui aurait pu et dû se produire insensiblement, progressivement, en "tache d'huile" entre États mitoyens, devient un viol.

Un viol, pour ne pas dire une "tournante", dont l'auteur, parfaitement identifié, n'est autre que...

...le traité de Maastricht.

De quelque manière que soit prononcé le nom de cette petite ville des Pays-Bas, ce traité, signé le 7 février 1992, a été pensé, rédigé et concocté un an auparavant dans le plus grand secret sauf pour quelques ministres et députés, tant  socialistes que centristes. Mieux encore, ni l'Assemblée ni le Sénat n'auront eu, jusqu'à sa conclusion, le moindre accès à sa teneur et à son contenu.

Seul le très sérieux "Wall Street Journal", ayant eu connaissance du projet et en mesurant les conséquences titrera, le 15 novembre, en première page : « Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, un continent entier s'est restructuré en secret... A l'exception d'une poignée de diplomates, de journalistes ou d'hommes d'affaires, personne ne s'en soucie. Et, hormis en Grande-Bretagne, nul ne songe à s'en indigner ! »

De quoi est-il question, en fait ? Rien moins que de ce que constatons aujourd'hui et qui prend les Euro-citoyens à rebrousse-poil, à savoir l'instauration d'une monnaie unique avant la date buttoir de l'an 2000, le transfert de la souveraineté économique des États vers une banque centrale européenne qui établira les orientations budgétaires et, donc, sociales, des divers gouvernements, le vote à la majorité dans les instances politiques de la Communauté devenues, ipso-facto, fédérales mais sans, pour autant, voir disparaître les États-nations, une logorrhée de "normes" qui l'emportent sur les lois votées par les divers Parlements au risque d'imposer la réforme de celle des Constitutions qui ne s'y plierait pas et, enfin, le droit de vote accordé aux Européens dans le cadre des élections locales mais qui devient le "marronnier" des campagnes électorales à venir en constituant, pour certains, la porte ouverte à l'attribution du même droit aux étrangers extra-communautaires...

Un saut vers la "supra-nationalité" sans, toutefois, franchir le Rubicon du fédéralisme, un triste "milieu du gué" qui ne profite pas de l'occasion pour créer, symboliquement, des Ambassades d'Europe, ni en finir avec le coûteux déménagement mensuel pour Strasbourg, ni tenter de réduire le nombre de langues utilisées qui sont, actuellement, de vingt tandis que l'ONU, elle, se contente de seulement six, ni pour supprimer ne serait-ce que le plus infime échelon de notre célèbre millefeuille administratif mais, au contraire, se borne à en empiler d'autres, au dessus ! Une pyramide qui franchira moins bien les siècles que celles d’Égypte...

"... Le traité ne prévoit ni sécession ni retrait. C'est même la première fois qu'un traité est ainsi marqué par le sceau de l'irréversibilité ..."Et tant à droite qu'à gauche, fort rares sont ceux qui ont vu le coup arriver puisqu'ils peuvent se compter sur les doigts d'une seule main : Michel Debré, Philippe Séguin, Philippe de Villiers, Jean-Pierre Chevènement et, bien sûr, Jean-Marie Le Pen. Les autres, à droite essentiellement, sont aux abonnés absents, trop obsédés qu'ils sont par un horizon proche... les élections et pour lesquelles ils vendraient leur âme au Diable mais tout en assurant que, sitôt revenus aux affaires, le traité sera réformé alors qu'ils savent pertinemment que c'est parfaitement impossible et que ce traité ne constitue rien d'autre, en l'état, qu'un véritable saut dans l'inconnu sans filet ni parachute !

Le 27 novembre 1991, Philippe Séguin n'y va pourtant pas par quatre chemin en publiant, en première page du Figaro, la tribune suivante : « Étonnant, stupéfiant spectacle que celui d'une nation qui s'engage toujours plus avant dans un processus de démantèlement sans l'avoir vraiment décidé... Car les faits sont là : depuis plusieurs décennies, il n'y a jamais eu de vrai débat sur l'Europe... Les décisions qu'on nous annonce sont toujours présentées comme limitées dans leur portée. Et ce n'est qu'après coup qu'on nous explique que leurs conséquences sont, en fait, incalculables. Une véritable machine infernales est ainsi mise en place, dont nous n'avons plus la maîtrise... »

Même des années plus tard, il est difficile d'oublier à quel point les quelques uns qui avaient vu juste ont été mis de côté, ringardisés, critiqués par l'ensemble de la classe politique au prétexte fallacieux et médiatique que "voter contre Maastricht" c'était "voter contre l'Europe" alors qu'en fait, c'était, peut-être, la seule manière d'en assurer la pérennité.

Malgré ces mises en garde et, sans doute, parce que ceux qui les ont proférées ont prêché dans le désert, le "OUI" l'emporte, le 20 septembre 1992, avec 51% des voix. La Mitterrandie peut respirer car en allant jusqu'à instrumentaliser son "cancer", François Mitterrand est parvenu à apitoyer certains opposants et, maintenant, plus rien ne sera jamais comme avant. Bien que ratifié, le traité s'est trouvé modifié ultérieurement par les traités d'Amsterdam, de Nice et, en profondeur, par celui de Lisbonne, entré en vigueur le 1er décembre 2009.

Second souffle ou... Dernier souffle ?

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"Plus qu'y a de pays, plus qu'y a d'abstentions" pourrait bien être la conclusion populaire face aux résultats des élections européennes successives.

Ce constat, évident sur le tableau de gauche, devrait donner du grain à moudre à nos élus car, en dépit des argumentaires et des manœuvres politiciennes, c'est le Peuple et lui seul qui, en fonction de son "ressenti" quotidien, glisse un bulletin dans l'urne.

En parallèle avec la chute de la participation et pour faire mentir quelques idées reçues, il est intéressant de suivre l'évolution du nombre de sièges obtenus par le Front National à l'occasion des échéances successives. En 1979, c'est à dire trois ans avant que François Mitterrand n'intervienne pour favoriser ce Parti politique, il est inexistant au Parlement Européen mais, par contre, en 1984 et en 1989, il obtient 10 sièges puis réalise son meilleur score, en 1994, avec 11 parlementaires. Depuis cette apothéose, le soufflé semble retomber avec, aux échéances suivantes de 1999, 2004 et 2009, respectivement 5, 7 et 3 élus.

Reconnaissons qu'il serait tout de même assez croquignolet, et c'est peu dire, de voir siéger au Parlement Européen un nombre non négligeable d’Élus Européens opposés à cette même Europe !

De là, donc, à vouloir se faire peur en voyant en lui l'arbitre incontournable de la moindre élection me semble pour le moins hasardeux, mais qu'il soit le dépositaire des mécontentements, plus ou moins bien identifiés d'ailleurs, ne fait pas l'ombre d'un doute et des mécontentements, qu'on le veuille ou non, il y en a et, face à des Partis "Européistes", le Front National, en dépit d'un programme complètement irréaliste, constitue pour beaucoup la seule alternative qui permette de dire "Non".

De plus, il faut garder présent à l'esprit que, depuis le scrutin de 2009 et la Crise des dettes souveraines, un certain nombre de pays se sont vus imposer, par cette vilaine Europe, des mesures draconiennes de réduction de leurs déficits et qu'entre les électeurs qui y ont laissé plus que des plumes et ceux qui craignent que cela puisse également leur arriver, la tentation populaire pourrait être très forte de taper du poing sur la table !

Croisons les doigts pour que cette simple table leur suffise le plus longtemps possible...

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