Le Flop magistral.
Collection personnelle d'anciens tubes en verre des labos LHF. |
L'expérience nous fait connaître que tout ce qui est incroyable n'est pas faux.
Cardinal de Retz
Assez curieusement, la formulation toute personnelle selon laquelle "tout toxique peut ( pourrait ), à haute dilution, être son propre antidote", m'a poussé à réenvisager la théorie de l'isothérapie, ancienne et formellement bannie lors, ou à l'occasion, de l'épisode "Vache folle" et du prion pathogène. Une simple recherche sur internet m'a, une fois de plus, fait constater que, et pour ne citer que lui, l'INRAe, qui n'est autre que "l'Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement", que l'on peut difficilement considérer comme un repaire de doux rêveurs, d'empoisonneurs publics ou de charlatans, préconise le recours à l'isothérapie pour les plantes...
Confinant, il est vrai avec certaines pratiques relevant de la sorcellerie, elle consiste à utiliser les substances, prélevées sur le patient lui-même, sang, urine, pus etc.. et, après une préparation ad'hoc, diluée et dynamisée dans la droite ligne de l'homéopathie, à la faire absorber par ce même patient dans l'espoir de sa guérison. Inutile de dire que que, présenté comme cela, il y a de quoi faire dresser les cheveux sur la tête de tout médecin digne de ce nom, sans que l'on puisse réellement lui en tenir rigueur et, pourtant, j'ai connu à mes débuts, au fin fond de certaines campagnes, des praticiens qui y avaient encore recours à la satisfaction de leurs patients et, de ce fait, à la leur. Une époque bénie où le "rebouteux", le "magnétiseur" ou le "coupeur de feu" faisaient partie du décor médical toléré...
Je conserve le souvenir, en 2008 ou 2009, d'un dîner confraternel que j'avais organisé et auquel participaient mon médecin traitant, un membre du Conseil de l'Ordre et urgentiste de son état et une toubib de la Haute Autorité de Santé. Croyez bien que celle-ci connaissait son boulot et après avoir avoir exercé en Normandie profonde, où elle avait tout vu surtout l'alcoolisme, et lassée de se faire sanctionner pour dépassement des "quotas", avait plongé dans l'Administration pour, d'ailleurs, assez rapidement démissionner et reprendre une patientèle. Entre son "opposition" formelle à toute vaccination de masse (!!) et le constat posé que certaines techniques et tours de mains de ces marginaux de l'exercice médical pourraient parfaitement être "accrédités" par les autorités académiques mais, que voulez-vous...
Les deux Mondes.
On ne peut pas être bardé de connaissances et être dépourvu d'a priori.
Deux mondes irréconciliables s'opposent indiscutablement puisque d'un côté, et dans l'optique fort louable d'agriculture et d'élevage "BIO", tant la Commission Européenne que l'INRAe et bien des organisations professionnelles, moins prestigieuses, prônent, conseillent et recommandent le recours à des thérapeutiques que la Haute Autorité de Santé et le Ministère de la Santé de l'époque ont qualifiés, dans le même temps, d'inefficaces chez l'Humain. Allez comprendre, sauf à constater ou à admettre que "la Santé humaine a des raisons que la raison ignore".
Il est d'ailleurs instructif de lire le "Live Chat" réalisé le 3 juillet 2019 par le Quotidien du Médecin auprès du Pr Christian Thuillez (HAS) selon lequel "l'avis défavorable au remboursement de l’homéopathie n'est pas une interdiction", non, pas une seule seconde, un joli discrédit tout au plus. Certaines questions mais, surtout les réponses qui leur furent accordées valent leur pesant d'or de la part d'un authentique grand scientifique. Je livre, là, quelques morceaux choisis de ce qui est disponible en intégralité en suivant ce lien.
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Q : Comment est-il possible que le remboursement ait été accordé pour des drogues n'ayant pas subi les tests cliniques d’efficacité et d’innocuité exigés pour les médications courantes ?
R : Pr Christian Thuillez : Ces médicaments, avant d'être mis à disposition des prescripteurs, obtenaient un droit d'enregistrement à l'ANSM et, de ce fait, étaient remboursés sans évaluation réelle de l'efficacité clinique par la HAS en vue du remboursement. Ce phénomène était en partie lié avec le fait que la HAS n'était pas compétente en termes réglementaires pour évaluer ces médicaments homéopathiques. Le Parlement et la ministre ont souhaité que la Commission de la transparence de la HAS puisse évaluer le bien-fondé de la prise en charge par l'Assurance-maladie des médicaments homéopathiques. Il a fallu étendre les compétences réglementaires de cette commission dans la mesure où, habituellement, elle évalue l'efficacité d'un médicament pour une maladie. Ce n'est pas le cas avec l'homéopathie : un même médicament peut être prescrit dans plusieurs maladies.
Q : Que pensez-vous de l'étude EPI3? L'avez prise en compte lors de votre évaluation ?
R : Pr Christian Thuillez : cette étude est originale et très intéressante. Elle concernait trois domaines importants : les TMS, les infections respiratoires peu sévères et les troubles du sommeil et anxieux. Elles n'ont pas démontré l'efficacité clinique du médicament homéopathique mais ont conclu que les patients qui prenaient des médicaments homéopathiques prenaient moins de médicaments conventionnels (sic).
Q : La seule question : pourquoi avoir attendu si longtemps pour ce déremboursement ?
R : Pr Christian Thuillez : nous avons répondu à la sollicitation de la ministre, qui souhaitait avoir notre avis sur le bien-fondé de la prise en charge de l'homéopathie. Mais effectivement, il n'y a pas eu d'autre demande pour justifier l'évaluation de l'homéopathie avant la ministre actuelle (sic).
Q : Pensez-vous qu'il existe un effet placebo sur les animaux ? Comment expliquez-vous les bienfaits de l'homéopathie sur le règne animal ?
R : Pr Christian Thuillez : Nous ne sommes pas concernés par l'évaluation des médicaments chez les animaux, même si ce point a été évoqué (sic).
Q : Quelle formation en homéopathie avez-vous suivie ? 30% de mes patients anxieux ne prennent que de l’homéopathie. Voulez-vous que je reporte mes prescriptions sur les anxiolytiques allopathiques ? Idem dans beaucoup de domaines.
R : Pr Christian Thuillez ; je suis pharmacologue et cardiologue. Je n'ai pas de formation spécifique sur le médicament homéopathique (sic), mais il me revient d'évaluer .../... grâce aux avis d'experts et grâce à l'évaluation des données cliniques disponibles.
Q : Quels moyens et quels délais prévoyez-vous pour une évaluation PROSPECTIVE indépendante des labos (ou pas, puisque les autres le font avec les labos...) et ADAPTÉE A LA MÉTHODE HOMÉOPATHIQUE et non pas à un remède seul ? Merci d'intégrer des gens de terrain dans les études.
R : Pr Christian Thuillez :Toutes les évaluations de la Commission de la transparence sont indépendantes, à la fois des laboratoires, du politique et des professionnels de santé. Nous nous sommes adaptés à la spécificité des médicaments homéopathiques, en évaluant non pas une maladie mais 24 signes et symptômes. Cette évaluation scientifique a nécessité 9 mois de travail. Si d'autres résultats d'études sont portés à notre connaissance, une nouvelle évaluation pourra être mise en œuvre (sic), comme c'est le cas pour tous les autres médicaments.
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Au travers de ces quelques questions/réponses, extraites telles quelles, de l'échange entre un certain nombre d'interlocuteurs et le Pr Thuillez, il m'apparaît que la cause était entendue dès la sollicitation de la Ministre quant au "bien fondé" de la prise en charge de l'homéopathie. Ce qui m'interpelle au plus haut point est le refus, reconnu, de la prise en compte de l'efficacité avérée sur l'animal tandis que, dans d'autres cas, toxicité ou résultats positifs semblent, globalement, être transposables à l'humain. Qu'une structure indépendante et scientifique puisse repousser d'un revers de la main une vérité admise partout ailleurs me laisse quelque peu rêveur au même titre, d'ailleurs, que de voir la HAS mettre en œuvre une nouvelle évaluation car je demeure convaincu que ce triste résultat ne soit que la conséquence d'un malentendu expérimental partagé, en toute bonne foi, par les deux parties.
Les dilutions.
Vaste sujet, d'autant que je pense qu'une dérive progressive s'est produite à ce propos avec les années. Historiquement, rappelons-le, Hahnemann travaillait sur des "toxiques" et après avoir constaté que l'écorce de Quinquina, à dose pondérale, provoquait expérimentalement des symptômes en tous points comparables à ceux du paludisme, à savoir "fièvre. diarrhée. maux de tête. sueurs ou frissons. nausées et vomissements. douleurs musculaires et maux d'estomac" tandis qu'à faible dose, et ce fut là sa découverte, elle soignait ces mêmes manifestations cliniques d'où une définition livresque qui a traversé les décennies : "l'homéopathie consiste à prescrire, à dose diluée et dynamisée, la substance qui, à dose pondérale, provoquerait les mêmes symptômes chez l'individu sain".
Mon expérimentation sur l'alcool éthylique procédait de la même démarche : un toxique à forte dose, un remède à haute dilution ! Cette pathogénésie, plaisante à réaliser, venait corroborer celles qui ont été effectuées sur des métaux lourds et, donc, hautement toxiques, plomb, phosphore, arsenic, cadmium etc.. avec des résultats positifs mais qu’aucune étude à ce jour permet d’expliquer ce phénomène inattendu et totalement paradoxal, sauf à accepter l'effet des "hautes dilutions", au-delà de la barrière fatidique du nombre d'Avogadro, me confirmant une définition toute personnelle énoncée plus haut.
Mais alors, quid des basses dilution ? Je crains qu'avec elles nous ne tournions le dos au principe même de l'homéopathie historique, fondée sur des pathogénésies, en fabriquant et en vendant, sous forme de granules, un médicament à l'efficacité initialement reconnue mais qui, de dilutions en dilutions successives, perd véritablement son efficacité CODEX. Certes, son éventuelle toxicité disparait simultanément en devenant alors une "médecine douce" mais dépourvue d'effet thérapeutique et c'est bel et bien ce qui lui est sempiternellement reproché et, parfois, à juste titre. Je vais prendre un exemple très caricatural en prenant un sachet d'Aspégic® 500mg, j'y ajoute 4,5g d'un mélange de saccharose-lactose puis une nouvelle fois, à ces 5g obtenus, 45g du même mélange. J'obtiens donc 50g d'une "dilution" ou, plutôt trituration, d'Aspégic® 2DH, donc au 1/100ème, que je vais alors conditionner afin obtenir 100 granules...
... Combien dois-je en absorber pour obtenir l'effet de la substance active initiale ? Ne cherchez pas une question piège, les 100 seront nécessaires, alors imaginez ce qui se produit avec une 2CH qui correspond, cette fois, à une dilution au 1/10.000 ème !
Fort heureusement, c'est le long interrogatoire des homéopathes qui, visant à rechercher et à individualiser le "type sensible" du patient, c'est à dire sa symptomatologie, bien sûr, mais aussi, et surtout, sa faculté toute personnelle à réagir fortement, ou non, à une substance particulière qui va permettre de prescrire le remède "sur mesure" qui, même à une dose infintésimale, lui sera bénéfique. Faute de cette approche individualisée, l'évaluation de la Haute Autorité de Santé, réalisée à l'emporte pièce, en comparant Haute Couture et prêt à porter, ne pouvait qu'être un flop magistral et ce fut le cas !
A suivre...