Placebo, patamédecine ?
Collection personnelle d'anciens tubes en verre des labos LHF. |
Je me suicide délibérément, aujourd'hui, en évoquant, là, une de mes passions c'est à dire la ou, plutôt, les médecines puisqu'il admis qu'il faudrait opposer des "douces" à celle qui par contraste serait considérées comme des "dures".
Fort de 47 années d'exercice, au terme desquelles je pense avoir à peu près tout vu et entendu, je peux déjà m'opposer à un tel concept car j'ai connu des praticiens, de quelques domaines que ce soit, qui avaient la precription lourde, redondante, jusqu'à nécessiter une ordonnance recto-verso confinant presque à la toxicité, des confrères masseur-kinésithérapeutes d'une violence et brutalité infinies tout en croyant bien faire, des ostéopathes auxquels je n'aurais pas une seule seconde confié mes propres vertèbres et des homéopathes tombés en religion au point même, avant d'être radié pour au moins l'un d'eux que j'ai connu, de se refuser à la prescription d'une banale aspirine. Des "vegans", avant l'heure, de la médecine.
Si nous passons tous le même permis de conduire, je ne surprendrai personne en affirmant qu'il y a autant de comportements, au volant, qu'il existe de conducteurs, comment pourrrait-il en être autrement dans le domaine de la santé ?
Le granule maudit.
Évoquez, simplement, ce mot et vous verrez probablement la moitié de vos interlocuteurs se mettre à saliver comme ce pauvre chien de Pavlov au son de la cloche. Combien de fois me suis-je amusé à revisiter Caran d'Ache, lors de dîners, afin d'être assuré de profiter du dessert tout seul, dans un tumulte général.
Au terme de ma longue carrière, je demeure surpris par le fait que les plus acharnés opposants sont ceux qui n'ont jamais essayé, qui réfutent d'emblée cette approche au prétexte suffisant qu'il leur a été dit que "ça ne marchait pas", à l'image d'un enfant qui, sans même avoir goûté, repousse son assiette on disant "j'aiiiime pas !"
Pour tenter d'en finir avec un discrédit irrationnel à l'égard de ce qui n'est ni une religion, ni une vue de l'esprit, un esprit un peu dérangé, mais une approche thérapeutique initiée à partir de 1706 et à laquelle près de 70% des français font, ou faisaient, confiance jusqu'à sa mort programmée grâce à l'action combinée de Madame Buzyn et de la Haute Autorité de Santé.
Un déremboursement motivé par une efficacité à peine supérieure à un "placebo", une notion sur laquelle je reviendrai, qui de ce fait n'aurait, pas le moins du monde, justifié d'une prise en charge par notre chère Sécurité Sociale qui allait, enfin, faire des économies... On allait voir ce qu'on allait voir !
Un placebo ? Et alors ?
Je vous propose, là, la lecture d'un article fort intéressant concernant le recours au "placebo" en milieu hospitalier :
"Un placebo se défini comme un traitement sans efficacité pharmacologique propre qui agit, lorsque le patient pense recevoir un traitement actif, par des mécanismes psychologiques et physiologiques." .../... "L’analyse des réponses reçues confirme que l’utilisation de placebos à l’hôpital est fréquente, près des deux tiers des professionnels ayant répondu déclarent en faire usage. L’administration du placebo en gélule par voie orale est la forme la plus couramment utilisée." .../... "La majorité des professionnels « croit » en l’effet placebo, mais se considèrent cependant insuffisamment informés et formés à son utilisation. Fréquemment utilisé à l’hôpital, son efficacité thérapeutique étant largement admise".
Reconnaissons que cet aveu vaut son pesant d'or puisqu'il établit formellement que le "placebo" hospitalier, c'est bien, très bien même tandis que, sous forme de granule, ce n'est pas bien, du charlatanisme et qu'il est à bannir et à rejeter sur l'heure... Cette mise en perspective me plonge dans un abîme de réflexions : décision purement technocratique, règlement de comptes, aveuglement dogmatique ? Allez savoir.
Un embryon de réponse serait, peut-être, à rechercher dans le fait, reconnu par l'Assurance Maladie, que près de 50% des Français ont ( avaient ) recours à cette approche thérapeutique en première intention, face aux petits bobos du quotidien, les plus nombreux fort heureusement, il pourrait être tentant d'y voir un impact péjoratif sur les ventes de médicaments issus de laboratoires plus académiques et, ne soyons pas mauvaise langue, sur la fréquentation des praticiens allopathes..
L’homéopathie vétérinaire.
Placebo chez l'humain mais manifestement pas chez l'animal. En effet, si certains propriétaires de chiens ou de chats s'en remettent aux médecines douces, les éleveurs en font tout autant pour produire une alimentation "bio" en évitant, ainsi, au maximum le recours aux traitements classiques. Un court extrait d'une préconisation réglementaire est claire à ce sujet : "La santé animale privilégie les méthodes alternatives (homéopathie, phytothérapie) avec des restrictions sur l’utilisation d’antibiotiques".
De nombreuses publications vont dans e même sens et pour les mêmes raisons : "Favoriser le bien-être animal", "Agriculture Biologique" ( paragraphe Elevage bio ), "Légifrance" définissant les médicaments vétérinaires autorisés dont des préparations homéopathiques, jusqu'à la "l'INRAE" qui, au sein du paragraphe 5.2, précise que "pour les soins curatifs, les produits phytothérapiques, homéopathiques et les oligo-éléments sont utilisés de préférence aux médicaments vétérinaires allopathiques ou aux antibiotiques, à condition qu’ils aient un effet thérapeutique avéré sur l’espèce animale et la maladie concernée". Si même les instances scientifiques Européennes s'y mettent, où allons-nous ?
Il est bon de noter que les deux principaux Laboratoires Homéopathiques, BOIRON, en France, et SCHMIDT-NAGEL, en Suisse, continuent de proposer une gamme vétérinaire étoffée et que, pendant ce temps là, ni les éleveurs ni les associations de défense des animaux ne semblent s'élever contre une thérapeutique qui pourrait nuire à leur cheptel qui, après tout, est leur gagne pain, ou relever de la moindre suspicion de maltraitance.
Le bilan financier.
Oublions, temporairement, le sacro-saint déficit de la Sécu, pour considérer son budget, tel qu'il apparaissait lors du Projet de Loi de Finance de de la Sécurité Sociale en 2019 ( PLFSS 2019 ). Il était alors de 488,6 milliards d'Euros, toutes branches confondues y compris le Fond de solidarité vieillesse, tandis que le montant du remboursement de l'homéopathie se montait lui, en 2018, à 126,8 millions d'Euros... Aucun doute, on ne joue pas dans la même cour. Néanmoins, vaille que vaille, on allait ainsi réaliser l'économie faramineuse de ... 0,00026% !
Soit une diminution des dépenses toute symbolique pour ne pas dire, avec une ironie de circonstance, "homéopathique" tandis que, dans le même temps, la célèbre Aide Médicale d'Etat ( AME ) se montait ( simple estimation officielle !! ) à 1,5 milliard d'euros en 2019, soit dix fois ce remboursement prétendument indu, car cette offre de soins, reposant également sur d'autres mesures, parfois peu connues et dont l'ampleur peut être importante, majorent son montant réel.
Nos amis Suisses avaient, il y a peu, suivi la même voie mais en seraient, semble-t-il, revenus après avoir constaté que le report vers des médicaments sur prescriptions avait eu l'effet inverse de celui espéré et c'est bien l'effet pervers que je redoute. Ce déremboursement, libérant les laboratoires du prix de vente "tarif sécu" va mécaniquement faire flamber les prix, augmenter le montant du taux de TVA et va satisfaire tant les laboratoires que les pharmaciens mais, tout ceci, au détriment du patient et conduira à transformer une médecine peu coûteuse en une thérapeutique pour bobos branchés.
Dépenses allopathes vs homéopathes.
Plutôt que de jeter l’opprobre sur une orientation médicale pratiquée, en leur âme et conscience, par de nombreux praticiens et à laquelle adhéraient leurs patients, il me semble qu'il aurait été infiniment plus judicieux d'effectuer un audit global et d'estimer laquelle était la plus coûteuse pour la collectivité. L'Assurance Maladie connait le profil de chaque praticien, son volume de prescriptions et de renouvellements, le nombre d'arrêts de travail et/ou de maladie, de recours aux examens complémentaires et, surtout en l'occurrence, le montant moyen de ses prescriptions médicamenteuses mais aussi, hélas, aux éventuelles plaintes ou décès car tous les paramètres sont à prendre en compte.
Je ne peux rien affirmer mais je ne suis pas certain que nous n'aurions pas eu quelques surprises car un tube contient 80 granules, il est vendu, selon les officines, aux alentours de 2,50 euros. Selon la posologie la plus consensuelle, à raison de 3 granules, 2 à 3 fois par jour, le tube durera donc environ une dizaine de jours, ce qui nous mène à un coût journalier de 25 centimes ... Bigre, une ruine, même si le traitement associe 4 à 5 souches et les quelques tubes doses traditionnels du dimanche et sur laquelle la Collectivité remboursait, jusque là, 15% !
Textes complémentaires.
1) - "europe elevage bio et homéopathie agriculture",
2) - "Bio Actualité",
3) - "Réseau CIVAM",
4) - "Produire BIO - 1",
5) - "Produire BIO - 2",
6) - "Agence BIO",
7) - "Isothérapie, HAL Inrae"
.../...
Vous en conclurez, tout comme moi, qu'il n'y aurait QUE chez l'humain que l'homéopathie serait dépourvue du moindre effet tandis que chez la poule ou la vache, par exemple, l'effet thépautique jouerait à plein !
A suivre...