Social ou ... Socialisme ?
Par un abus de langage qui ne date pas d'hier, loin s'en faut, un bon nombre d'électeurs confondent encore "Socialisme" et "social", convaincus que le premier contiendrait, de fait, le second.
Souvenons-nous, sans avoir la mémoire trop courte, que nous avons eu, en 1981, un Gouvernement Socialiste garanti grand teint puisqu'il s'y retrouvait, même, un certain nombre de Ministres Communistes.
Grâce à la panoplie complète des vieilles lunes socialistes, le Programme commun est un échec cuisant* et la politique économique de relance menée par la France provoque, elle, une perte de confiance*, une importante fuite des capitaux*, l'apparition des "nouveaux pauvres", celle des journaux sociaux et la banalisation du terme SDF.
Le Gouvernement socialiste pense, alors, réduire le chômage* par une politique de relance par la consommation*. Contre toute logique socialiste, la situation économique n'en finit pas de se détériorer* au point que, pour tenter de juguler l'inflation*, le gouvernement met en œuvre un blocage des prix et des revenus en juin 1982* ce qui n'empêche pas le déficit budgétaire* de se creuser et entraîne trois dévaluations en trois ans*, c'est à dire en 1981, 1982 et 1983.
Avec un résultat économique aussi mirobolant, l'alternative est simple : sortir du système monétaire européen ou revoir complètement la copie. Avec le soutien de Jacques Delors, Ministre de l'économie, Mitterrand décide de maintenir le Franc dans les mécanismes de solidarité communautaire mais en changeant de politique économique. En mars 1983, et bien que socialiste, il instaure la politique de rigueur*, un contrôle des changes et entreprend de réduire le différentiel d'inflation et de hausse des salaires Français* par rapport à l'Allemagne*, pesant tous deux sur notre compétitivité* et la valeur de notre monnaie sur le marché des changes*.
Face à la crise* et à la menace d'une déroute économique*, le Président effectue, sans sourciller, un virage à 180° et revient sur l'ensemble de ses engagements de début de mandat*. Pierre Bérégovoy, alors Ministre de l'Économie, ouvre la voie à un processus de dé-nationalisation* des entreprises nationalisées* à peine quelques années auparavant, à une dérégulation partielle des marchés financiers* et à la libération de tous les prix* mettant, ainsi, fin à notre sempiternelle inflation à deux chiffres**.
En à peine trois ans, entre 1981 et 1984, la France aura tourné le dos à un fonctionnement économique très étatisé, socialiste au sens étymologique du terme, et aura adopté une économie sociale de marché. La crise économique* était censée démontrer l'essoufflement du modèle capitaliste*, or l'échec d'un tel projet global de société apparaît comme la remise en cause de la doctrine socio-économique de la gauche avec ses grands travaux, son Étatisme, sa pléthore de fonctionnaires, sa politique de relance par la consommation, son État-providence, sa générosité avec les richesses des autres et son allergie foncière à toute rigueur budgétaire.. ce qui ne l'empêche, nullement, aujourd'hui de tenter nous remettre le même couvert.
Camarade électeur, mon frère, sache-le "n'importe qui peut s'assoir sur une fourmilière, seul l'imbécile recommence."
* Tiens, tiens, il semblerait que certains candidats d'un certain Parti aient la mémoire courte...
** Le meilleur économiste socialiste était, finalement, un libéral.