Samedi, Décembre 21, 2024
   
Taille

Recherche

La parabole des bières

Voici l'exemple type d'un article inutile, amusant mais inutile tant pour le lecteur de droite que celui de gauche.

Les libéraux de droite savent déjà tout cela, donc j'enfonce une porte ouverte. Par contre, pour le lecteur de gauche, bien plus qu'inutile, il est nuisible car il pourrait remettre en cause le dogme et le mieux serait de ne pas le lire. Tu imagines, camarade, si là, tout à coup, tu te rendais compte qu'il est mathématique que celui qui est le plus lourdement frappé par une taxe, soit aussi celui qui bénéficiera le plus de sa réduction, qu'à force de faire fuir les riches, tu seras de plus en plus obligé de mettre la main à la poche et que, finalement, tu fabriques, toi-même, le malheur que le Parti te promet de corriger... si tu votes pour lui, évidemment.

Il était une fois dix amis qui, chaque soir, se retrouvaient devant une chope de bière pour parler de la pluie, du beau temps et des résultats sportifs. A dix euros la bière, le Patron leur présentait donc une addition quotidienne de cent euros.











Montant de l'addition :

100 euros 

 10 euros
 10 euros 10 euros 10 euros 10 euros 10 euros 10 euros 10 euros 10 euros 10 euros


Et tout allait bien, jour après jour, jusqu'à ce soir fatidique où, pour des raisons d'équité et certainement quelque peu imbibés, ils prirent une décision capitale. A partir de ce soir là, nos dix amis prirent la décision de régler leurs consommations en fonction de leur situation de fortune, selon un barème inspiré du calcul de l'impôt sur le revenu, donc de la manière suivante :











Montant de l'addition :

100 euros 

 Gratuit
 Gratuit Gratuit Gratuit 1 euro 3 euros 7 euros 12 euros 18 euros 59 euros


Nos dix amis continuèrent donc à se retrouver, soir après soir, parfaitement satisfaits d'un arrangement qui convenait à tous, y compris et même au patron du bistrot. Jusqu'au jour où celui-ci, après les avoir fait payer estima que de tels clients, aussi fidèles et réguliers, méritaient un meilleur tarif et, au lieu de 100 euros, il ramena la note à 80 en leur rendant un billet de 20 euros.

Comment répartir d'une manière juste et parfaite ces 20 Euros d'économie entre les consommateurs ? En divisant ces 20 euros entre les six consommateurs qui payaient effectivement leur bière, chacun recevrait 3,33 euros mais, dans ce cas, deux d'entre eux, ceux qui avaient payé 1 et 3 euros, allaient recevoir plus d'argent qu'ils n'en avaient réellement donné, ce qui n'était pas très juste.

Le tenancier du bar suggéra alors qu'il serait finalement plus équitable de réduire l'addition de chacun au prorata de ce que qu'il avait effectivement payé. Notre Thénardier se lança alors dans une savante règle de trois pour aboutir, à quelques décimales près, à ce qui suit :











Montant de l'addition :

80 euros 

 Gratuit
 Gratuit Gratuit Gratuit Gratuit 2 euros 5 euros 9 euros 14 euros 50 euros
 Sur les 20 euros, le buveur concerné a perçu :  1 euro
 2 euros
 3 euros
 4 euros
 9 euros
 Soit une réduction en pourcentage de :
 33 %
 28 %
 25 %
 22 %
 16 %


Grâce à cette réduction de 20 euros et à un tout nouveau mode de répartition, non seulement un consommateur de plus pouvait boire gratuitement, mais ceux qui continuaient à payer, payaient moins qu'avant ! Absolument tous auraient du être contents, mais, la nature humaine ou la lutte des classes étant ce qu'elle est, une fois hors du bar, chacun compara son économie.

"J'ai eu seulement 1 euro sur les 20 euros de remise", dit le 6ème en désignant le 10ème "alors que lui, il en a eu 9 euros".
"Ouais !" dit le 5ème, "moi aussi, j'ai seulement eu 1 euro d'économie".
"C'est vrai !" s'exclama le 7ème, "pourquoi il aurait 9 euros, alors que j'en ai eu que 2 ? C'est le plus riche qui a eu la plus grosse réduction".
"Attendez une minute" cria le 1er homme, "nous quatre n'avons rien eu du tout. Le système exploite les pauvres".

Les 9 hommes entourant le 10ème, se mirent à l'insulter.

Le soir suivant, notre 10ème homme ne vint pas. Les neuf autres s'assirent et burent leur bière, comme d'habitude, mais sans lui. Quand vint le moment de payer leur note, ils découvrirent avec surprise qu'ils n'avaient plus assez d'argent, à eux tous, pour payer ne serait-ce que la moitié de l'addition puisqu'il manquait 50 euros. Plus grave encore, même ceux qui, jusque là, ne payaient rien furent obligés de mettre la main à la poche pour éviter que le Patron n'appelle la police.

Et tout ça, parce que le dixième buveur, lui, était parti en Belgique où la bière, c'est bien connu, est meilleure, encore que je ne sois pas certain que ce soit la seule raison de son départ. En plus de la bière, des frites et des moules, je crains qu'il ne soit parti, là-bas, que pour retrouver d'autres buveurs numéro 10...

Connexion